Un autre monde est possible.
Irréductibles, les communautés zapatistes du sud-est du Mexique, ont décidé de voyager pour célébrer les 27 ans de leur soulèvement et aller à la rencontre des autres peuples en lutte.
Ils l’ont annoncé dans leur « Déclaration pour la vie » début 2021.
Motivés par une curiosité et une envie de comprendre par eux-même, cinq « camarades », de la délégation actuellement en Europe, ont rencontré le 18 octobre dernier un groupe de paysan-n-es, et d’habitant-es autour de Luc en Diois dans la Drôme.
On se retrouve d’abord à la ferme Bouteille pour un café et les présentations, avant de semer ensemble, sur des micro-parcelles, une collection de blé destinée à repérer les céréales les mieux adaptées à la ferme mais aussi à faire vivre de beaux épis.
Après avoir visité les différents ateliers de transformation de la ferme ( moulin, pressoir à huile, machine à pâtes), les échanges se poursuivent. La venue des zapatistes amène le groupe local à s’interroger sur sa propre réalité. Comment intensifier les solidarités localement ? Le monde agricole apparaît ainsi à la fois comme un espace où l’entre-aide est très présent mais où une forte individualité et une difficulté à faire collectif semblent structurelles.
En miroir à l’expérience partagée par les voyageurs, des questions plus larges émergent. Comment construire un projet politique alternatif sans bases matérielles stables ? Ainsi, les Zapatistes se sont réappropriés leurs terres par la force. En France, l’accès au foncier ainsi que la question du/des statuts agricoles peuvent être décourageantes, voire entravantes, pour beaucoup. Les Zapatistes ont une culture et une organisation collective forte. Certains s’interrogent : Comment gérer le conflit au sein d’un collectif pour que ce dernier perdure dans le temps ? Comment faire revivre les communautés rurales sans reproduire les dominations traditionnelles, notamment celle du genre ?
Le voyage reste ouvert, pour les Zapatistes et leurs camardes dromois-e-s … Il promet pas mal d’aventures. Certains ont déjà pris rendez-vous l’été prochain, autour de la collection de blé, pour refaire un point sur la biodiversité cultivée et humaine.