L'écrasante majorité des variétés du commerce sont issues de sélections industrielles peu adaptées au mode de production bio. Par exemple, les hybrides F1 : productifs la première année, ils perdent de leur vigueur initiale si on les ressème l'année suivante. Les paysan-ne-s doivent alors racheter des semences: l'adaptation au terroir n'est plus possible, le recours aux intrants devient nécessaire. En potagères, 60 % des variétés commerciales sont des hybrides F1 : la part des variétés hybrides dépasse 80 % chez les Cucurbitacées, les Solanacées, les choux et les épinards. Sur certaines espèces comme le chou, les chicorées endive, les navets, les poireaux, beaucoup de variétés hybrides sont obtenues via une biotechnologie non réglementée (la fusion cellulaire) : ce sont de véritables « OGM cachés » (non tracés, non étiquetés et non soumis à évaluation). Sur ces espèces, l'offre commerciale non OGM se réduit de plus en plus.
Dans ce contexte Un programme de sélection participative multi-espèces potagères a démarré en 2017, soutenu par Biocoop, avec l’objectif d’élargir la gamme des espèces et des variétés cultivées par les maraîchers.
Pour aller plus loin
- Site web de Germinance
- Delmond F., Konaté K. « Débat sur la stérilité mâle cytoplasmique et son acceptabilité en agriculture biologique »
Kaol Kozh
Fin des années 90, des maraîchers bio bretons découvrent que les semenciers obtiennent des choux hybride F1 en leur rajoutant un gène de stérilité importé d'un radis: ils décident de ne plus utiliser ces variétés hybrides F1. Ils sélectionnent depuis patiemment des variétés de choux paysans et mutualisent la multiplication de leurs graines. Ils ont étendu ce travail à d'autres espèces emblématiques des terroirs bretons : oignon, échalote, artichaut…Ce travail vise à renouveler les variétés de pays (Chou de Lorient, Brocoli Violet du Cap, Oignons Rosés d'Armorique, Choux de Ploujean...) mais aussi à adapter et développer de nouvelles variétés-populations.
Depuis 2007, l'association bretonne Kaol Kozh (« vieux chou » en breton) perpétue ce travail la préservation et de renouvellement de la biodiversité cultivée Elle compte aujourd'hui 70 adhérents, jardiniers ou agriculteurs.
Bio Loire Océan
Créé en 1997, ce groupement de producteurs a pour objectif de structurer une filière de fruits et légumes bio, solidaire et équitable en région Pays de la Loire. Depuis 2006, une dizaine de maraîchers de Bio Loire Océan ont formé un groupe de travail autour de la sélection avec des variétés à pollinisation libre sur certaines espèces potagères. Ces expérimentations ont permis de "remettre au champ" des variétés de conservatoire et de sélectionner des variétés plus adaptées à l’agriculture biologique et au contexte local. Suite à ces essais, plusieurs variétés sont aujourd'hui commercialisées comme par exemple la Carotte Violette de la Loire et la Tomate Cerise Noire du Layon. Ces variétés sont présentes sur les marchés, dans les magasins bios comme Biocoop par exemple, dans les Paniers Bio Solidaires, etc.