Après 15 ans d'existence, différents collectifs au sein du RSP regroupant des paysans, des jardiniers, des artisans semenciers, des cuisiniers, des boulangers, parfois accompagnés d’animateurs et de chercheurs, se sont organisés en réseaux plus ou moins formels de conservation, de multiplication, de sélection et d’échange de semences paysannes sur une partie importante des plantes alimentaires en France (céréales à paille, potagères, maïs, fourragères, fruitiers, vigne). Tous partagent une relation de compagnonnage avec les plantes.
Ils se structurent en différents groupes thématiques qui reposent sur des rencontres d'échange de savoirs, savoir-faire et semences au niveau local, régional, national et aussi international.
Une partie de ce travail se fait en lien avec des chercheurs dans le cadre de projet de sélection participative. Ces projets visent à sélectionner des variétés populations adaptées à une agriculture biologique et paysanne et comprennent plusieurs centaines de praticiens participants (paysans et jardiniers) sur plusieurs espèces cultivées (céréales à paille – amidonnier, engrain, épeautre, froment, blé dur..., tomate, châtaignier, maïs).
Contrairement au modèle de sélection dominant et centralisé, la méthodologie, portée par le RSP et ses partenaires chercheurs, replace le praticien au centre du processus de sélection. C'est lui qui, par exemple, choisit les variétés avec lesquelles il souhaite travailler, qui définit ses propres critères de sélection... L'appui technique et/ou scientifique ne supplante pas l'autonomie de décision du praticien : il vient comme support de réseau, notamment en proposant des protocoles communs. Ce mode de sélection est décentralisé : l'objectif est d'adapter le plus finement possible des variétés paysannes à l'échelle de la ferme et de l'agrosystème. Il constitue une triple rupture avec la vision utilitariste, réductionniste et manipulatrice du vivant qui régit la sélection industrielle officielle: rupture avec les technologies d’innovation variétale notamment les biotechnologies, rupture avec la relégation des paysans comme simples utilisateurs inféodés au complexe agroindustriel, et rupture avec l'artificialisation des milieux par l'agriculture productiviste.
Pour aller plus loin
Réseau Semences Paysannes/Fanny Levrouw « Les Maisons des Semences Paysannes : regards sur la gestion collective de la biodiversité cultivée en France », octobre 2014, 80 pages
BONNEUIL C., Demeulenaere É, Thomas F., Joly P-B, Allaire G. & I. Goldringer « Innover autrement ? La recherche face à l'avènement d'un nouveau régime de production et de régulation des savoirs en génétique variétale », Dossier de l'environnement de l'INRA n°30, 2006, pp 29-51
DEMEULENAERE Élise, « Les semences entre critique et expérience : les ressorts pratiques d’une contestation paysanne », Revue d’Etudes en Agriculture et Environnement (94-4), 2013, pages 421-441
Brochure « Visions paysannes de la recherche dans le contexte de la sélection participative : comment co-construire et mutualiser les connaissances sur les plantes? » (voir boutique)